Btscom1 COMMUNICATION

1. D'abord une remarque : « l'école » de Palo Alto n'est pas une école au plein sens, il s'agit plutôt d'une « mouvance » : de chercheurs qui, venant de disciplines complémentaires mais différentes, se sont rencontrés, croisés, ont été préoccupés par des problématiques communes, mais ils n'ont jamais formé un véritable groupe constitué. On parle parfois de « collège invisible » à leur propos. Palo Alto c'est une ville de Californie où ils ont travaillé, et se sont rencontrés.
2. On associe souvent Palo Alto à l'un des plus célèbres de ces chercheurs : Gregory Bateson (mort en 1980), d'abord naturaliste, puis ethnologue et marié à l'anthropologue Margaret Mead avec qui il partagera des travaux de recherche (en particulier sur le rôle de la photographie dans l'étude ethnologique, par exemple ils produisirent un livre très novateur sur Bali à partir d'un ensemble de photos choisies parmi 25 000 clichés)En effet, une partie des projets lui doivent beaucoup (il obtiendra des crédits permettant de mener à bien des recherches nouvelles) mais il faut aussi y attacher le Center for Advanced Study in the Behavioral sciences (centre de recherche sur les études comportementales) où se croiseront dans les années 50 nombre de chercheurs, la psychiatre F.Fromm-Reichman, l'anthropologue R.Birdwhistell, le thérapeute P.Watzlawick…
3. L'apport central de cette école est d'avoir considéré les relations humaines et donc la communication sous l'angle de la relation plus que sous l'angle individuel. En outre et de manière alternative par rapport aux approches de Shannon et Weaver qui privilégient une  analyse de la communication sur un modèle « télégraphique » (la communication est verbale, rationnelle et volontaire), pour eux l'idée s'impose que « la communication est la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines ». et qu'« on ne peut pas ne pas communiquer ». ce qui amène Bateson et d'autres à s'intéresser à la « communication non verbale », que les linguistes avaient toujours considérée comme peu digne d'intérêt.  
4. Les chercheurs de Palo Alto vont développer sur ces idées des conceptions nouvelles qui touchent aussi bien à la compréhension générale de la communication (pour eux c'est un système, un tout), à l'anthropologie (voir la communication comme « l'aspect actif de la structure culturelle ») qu'à des pratiques thérapeutiques, en particulier, dans l'approche des relations familiales perturbées (soigner les gens ici et maintenant, en considérant le système de d'interrelations dans lequel ils se trouvent…)
5. La communication doit être étudiée sous l'angle d'un système, c'est, en effet, un système de messages qui fonctionne de manière circulaire –en boucle, avec des retours en arrière et non comme une suite de messages isolables les uns des autres- et dans lequel ce n'est pas l'individu qui compte mais la relation. Les comportements sont tous des actes de communication, pas seulement les éléments de communication verbaux, mais aussi les gestes, les regards, les silences etc, le contexte lui-même (qui parle à qui, pourquoi, avec quels codes etc) et il existe des aspects différents d'information dans un échange (symétrique ou complémentaire ou, en d'autres termes, égalitaire ou « en miroir ») : l'information elle-même et la relation des communicants.
6. Les avancées de l'école de Palo Alto, ont été contestées, elles ont-elles-mêmes remis en cause des idées fortes comme les conceptions de Shannon ou certaines approches de la psychologie (par exemple la recherche par la psychanalyse freudienne des causes anciennes d'une névrose, négligées au profit d'un remodelage de son système d'échange présent). Il est impossible de ne pas tenir compte de ces célèbres travaux. 

X.Baux. IFC.