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Alain, de son vrai nom Emile Chartier, est un philosophe qui s’intéresse aux questions morales. Ici, dans un extrait de  Propos (TII), texte publié en 1920, il évoque le nécessaire contrôle que l’homme doit exercer sur lui-même, sur « les mauvais compagnons que peuvent être parfois «  la colère, la tristesse » ou toute émotion qui prendrait sur nous une trop grande emprise. La question de savoir si la morale et les lois publiques sont une arme des faibles comme le prétendent certaines philosophies à la mode est en fait, annexe. De fait, le problème pour tout le monde est de savoir ordonner sa vie et ses pensées afin d’être un être « éclairé » et non perdu dans les craintes ou les ressentiments obscurs. Globalement Alain fait l’éloge de la raison comme moyen de ne pas être esclave de ses propres passions. Il rappelle à tous ceux qui pensent que les règles font l’affaire des faibles qui veulent freiner l’essor des forts, que les freins les plus importants à l’affirmation libre et forte de soi sont constitués par les désirs, les passions qu’il faut dominer si l’on veut être un homme moral, c'est-à-dire un homme digne de ce nom.

L’éloge de la morale (au sens large de contrôle des passions) que fait Alain, possède une résonance actuelle. En effet, à ce contrôle des passions (on dirait peut-être aujourd’hui « pulsions ») il oppose une sorte de « mode » celle qui consiste à croire que les règles restrictives sont une façon de niveler les valeurs et de maintenir en cage le lion qui sommeille à l’intérieur de chaque être fort. Pour lui, s’affranchir des règles, des principes de modération, au nom de l’épanouissement des forts, est juste une façon de s’aveugler sur les obstacles à une vraie liberté qui sont en nous. Loi ou pas loi, morale ou non, règles écrites ou pas, il nous faudra toujours vivre avec nos passions, nos désirs, nos tentations voire nos démons, nos zones d’ombres ou nos craintes. Or la liberté est une responsabilité, il faut savoir quoi en faire, et pour cela, faire appel à la raison qui est une lumière dans la « nuit » des peurs et des fantasmes. Etre vraiment libre, dit finalement Alain, c’est savoir se maîtriser. On pourrait rappeler ces « propos » d’Alain face à cette sorte d’idéologie publicitaire qui veut que l’on « soit soi-même » que chacun « s’épanouisse »que l’on donne « libre cour à ses passions », que « just do it » que « rouge passion » que « la passion a une forme » etc etc S’il était encore vivant Alain dirait sans doute que l’idée de l’épanouissement et du plaisir personnel est très populaire, qu’elle est un argument de vente mais qu’il faut s’en méfier. Certes « développer toutes ses puissances et vivre sa propre vie à fond est une idée séduisante, en tout cas très susceptible de nous faire acheter, mais elle ne constitue pas la véritable liberté….Se laisser dominer par les premiers sentiments, émotions, pulsions venues n’est pas être libre, ni être fort et sans doute pas la vraie voie de l’épanouissement.

XB/IFC.