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Les demoiselles d’Avignon : un tableau de 2,43 m sur 2,33m, à l’huile sur toile représentant un groupe de femmes. Les femmes nues sur la toile sont représentées sans véritable souci d’une évocation directe de la réalité visuelle, l’œuvre contemporaine du au salon d’Automne de 1907 sera, en fait, étudiée par les jeunes peintres dans l’atelier de Picasso et ne sera présentée officiellement qu’en 1937, avant que Picasso ne soit  –pour ce tableau entre autres- accusé par les nazis d’artiste dégénéré, corrompu et/ou malade. Le titre initial du tableau était le « bordel d’Avignon » en souvenir d’une rue de Barcelone, il prendra ensuite son titre actuel.

La composition, élaborée par Picasso à travers de nombreuses études, se présente comme une composition close (influencée par Cézanne ?) dans laquelle les nus semblent liés, associés les uns aux autres, les volumes sont suggérés avec des formes planes, des plans simples, coupés à angles vifs. Ce sont les angles de coupe et non le clair obscur traditionnel qui suggèrent le relief. De même, les silhouettes semblent –avec pour deux d’entre elles une influence des arts africains- représentées par une stylisation anguleuse, plutôt dure dont on peut dire qu’elle préfigure l’avenir du cubisme. La profondeur est peu marquée et les angles de vue mis à plat : des nez sont repliés sur les visages, il y a peu de profondeur de champ et les femmes suggérées sont  comme dans une sorte de vitrine dont on exclut la perspective. Peu de travail sur la lumière, du moins au sens que la tradition immédiatement  précédente accorde à cette question : les sources d’éclairage ne sont pas directement repérables, seuls les aplats de couleur plus ou moins clairs éclaircissent ou non la toile.

Les cinq femmes semblent à la fois liées imbriquées du point de vue de la composition mais leur lien provient plus de la couleur, de l’ensemble de leur disposition que d’un lien sémantiquement suggéré. En d’autres termes elles constituent plus une vision fugitive qu’une description, si des femmes sont données à voir, il faut comprendre qu’elles sont un ensemble de formes plus qu’un propos sur la prostitution ou une suggestion érotique. Les systèmes de représentation traditionnels sont abandonnés : pas de représentation fondée sur la réalité visuelle, une juxtaposition de points de vue.