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produire ou non du sens

L’art moderne ne produit plus nécessairement du sens puisque pour différentes raisons, à commencer par l’extraordinaire et inédite violence du siècle, le monde n’a pas de sens. Comment produire du sens dans un monde absurde, tel semble avoir été depuis au moins 45, l’un des problèmes récurrent de la production artistique. Les deux philosophes populaires que furent Camus et Sartre pour la jeunesse d’après guerre, sont d’ailleurs les porteurs de cette idée et des interrogations qu’elle suppose. Auparavant, le mouvement Dada, s’inscrit dès 1916 contre l’idée d’une œuvre qui s’appréhende par la raison et dont le sens apparaît clairement. Les œuvres des Dada (Arp par exemple) refusent nettement l’hégémonie du sens, ce qui est la conséquence, non seulement d’une révolte qui veut faire fi du passé et des vieilles façons de penser, mais aussi d’un art qui, par opposition au vieux monde meurtrier, veut retrouver l’esprit de l’enfant.  Les surréalistes, dans une certaine continuité avec Dada, poursuivront cette manière de produire de l’interrogation (M. Duchamp). Ils utilisent ainsi des visions oniriques dont le sens ne peut être que celui, chaotique et symbolique, du rêve « le spectre du sexe appeal », « l’autoportrait avec l’humanité », « les six têtes de Lénine » (Dali), des interférences entre hasard et production de sens (cadavres exquis, mobiles) et même plus globalement, ils réhabilitent la folie (Nadja de Breton).

La production moderne ne produit donc plus nécessairement du sens, du moins elle ne produit plus un sens. Elle refuse le diktat de la raison. Si le 19èmè fut le siècle de la « « raison toute puissante » (ce qui n’a pas manqué de produire des formes de révolte artistique : Rimbaud, Villiers de L’Isle Adam en littérature par exemple), le 20ème est en grande partie, sur le plan artistique au moins, celui de la remise en cause. La « révolution surréaliste » se présente d’ailleurs comme allant bien au-delà d’un simple mouvement artistique, mais comme une révolution de l’esprit- c’est pourquoi elle touche non seulement les lettres mais la peinture, la sculpture, la photo, le cinéma et fait exploser l’ensemble de la production…Quoi qu’on pense des productions elles mêmes, rien ne sera plus comme avant dans les années post surréalisme : si sens il y a, ce n’est plus à la seule raison de l’indiquer. Déjà à la fin du siècle précédent et à la veille de la première guerre mondiale, différentes mouvements ou tendances laissent à la photographie et au cinéma le soin de représenter la réalité « telle qu’on la voit »* pour  se tourner vers la représentation des angoisses (le cri de Munch et plus globalement l’expressionisme) ou vers un œuvre plus « ouverte »* sur l’imaginaire du récepteur voire sur le hasard (les travaux de Malevitch ou de Kandinsky qui conduisent à l’abstraction). Si produire du sens –de la signification- accessible à la raison n’est plus au centre des préoccupations, l’appel aux sens et/ou l’interrogation sur le sens de l’art sont omniprésents. L’art conceptuel par exemple est au fond d’abord producteur, non seulement de question sur l’œuvre mais aussi sur l’artiste, sur l’art sur le rapprort de l’art et de son spectateur, le rapport de l’œuvre et de l’objet manufacturé etc…Si une grande partie de l’art contemporain s’inscrit dans un contexte polémique et transgressif, c’est aussi parce que les artistes n’ont cessé d’être des troubles fête, des voix discordantes, des perturbateurs de certitudes… XB/IFC.



05/05/2014
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